lundi 30 juin 2008

La liberté, oui… mais avec des limites ! L'avis de Jean Marie Forget, psychiatre.

Jean Marie Forget, psychanalyste, psychiatre et auteur de Ces ados qui nous prennent la tête nous donne son avis.

Poser des limites, gérer les sorties avec les copains… évidemment c’est plus facile pendant l’année scolaire ! Quand il y « a » école, votre ado sait bien qu’il ne peut pas sortir tous les soirs… parce qu’il y a les devoirs, les leçons et l’école le lendemain à 8h ou 9h. Le week-end, il en profite, mais pas trop parce qu’il ne doit pas trop se fatiguer.
Alors, quand les vacances arrivent, il réclame tout naturellement le droit de sortir à sa guise, de rentrer à l’heure qu’il veut… en un mot, de décider de sa vie tout seul !

Comment fixer des limites (sorties, copains…) pendant les vacances ? En étant présent et en réajustant votre discours avec l’arrivée des vacances. Car, débarrassés des obligations scolaires qui règlent leur vie pendant toute l’année, vos ados se sentent pousser des ailes et s’imaginent que rien ne peut plus les « empêcher »… ! Attendez-vous alors à ce que leurs demandes de sortie se fassent plus pressantes et plus importantes. Comment réagir ? Puis
qu’il n’y a plus d’impératifs scolaires, accordez-leur plus de libertés que pendant l’année… « mais dans la limite de ce que vous pensez pouvoir supporter » précise Jean Marie Forget. C’est pendant les vacances que vous allez être confronté au rude « métier » de parents. Plus possible de se cacher derrière l’école pour interdire à votre enfant de sortir. Vous êtes en première ligne et vous devez « jouer le jeu » : les limites que vous fixez marquent votre autorité et c’est « contre » cette autorité que votre enfant va trouver son identité et identifier son désir. C’est dans le cadre que vous aurez établi que votre adolescent pourra réellement se trouver libre !

Comment gérer les sorties du soir ? Ne fixez pas d’horaires complètement inappropriés ! Les critères à prendre en compte ? Son âge, son degré d’autonomie et si cette sortie s’accompagne de risques bien réels (drogue, abus d’alcool, violence…). C’est à vous de décider de son heure de rentrée. Il faut alors que votre prise de position soit « fiable », « sans concession » et que vous « teniez parole » : ne lui demandez pas de rentrer à minuit alors que vous savez que vous allez rentrer plus tard. Soyez là quand il rentre. Ces horaires peuvent être revus avec lui s’ils sont maladroits… ne lui demander pas de rentrer à 23h alors que la soirée débute à 21h.

Il transgresse les règles… Vous lui aviez accordé 2h du matin après une longue discussion… et il rentre à 4h30 ! Ne punissez pas, sanctionnez : il ne ressortira pas le lendemain contrairement à ce qui était prévu. Tenez bon ! Votre enfant a besoin de « savoir qu’il peut compter sur votre parole » et que vous êtes en accord avec vous-même. S’il n’a pas respecté les limites, c’est peut être aussi parce qu’il veut tester votre autorité. Dans ce cas, les discours moralisateurs ne conviennent pas : « tu pourrais appeler dans ces cas-là ! Tu ne te rends pas compte du souci qu'on s’est fait ! »… Si vous ne faites que lui parler, votre ado peut inconsciemment décider de « pousser le bouchon » de plus en plus loin, quitte à se mettre réellement en danger, juste pour vous faire réagir ! N’oubliez pas qu’il a besoin de limites pour acquérir sa véritable liberté !

Vous n’aimez pas ses copains ! Tant pis… et même tant mieux. Sauf s’il s’agit de délinquants ou de personnes louches qui ne vous inspirent pas confiance, vous ne pouvez pas interdire qu’il ou elle les voit. Ne vous privez cependant pas de dire ce que vous en pensez. Sachez que le fait qu’il ait envie de ramener ses copains à la maison, même pour une après-midi Playstation, est un acte plein de symbolique. Bien que cela ne vous réjouisse pas toujours, montrez-lui que vous appréciez la confiance qu’il ou elle vous témoigne ! « Ils ne sont vraiment pas mon style… mais bon, ce sont tes amis ! ». Dans tous les cas, apprenez à « parler vrai » !

Il se lève tous les jours à midi ! En soit, ce n’est pas grave… mais après quelques jours à ce rythme, ça risque de vous énerver. Il n’est jamais présent aux repas, il traîne toute l’après-midi en T-Shirt et ne s’habille que pour sortir le soir … Petit à petit, il « gagne » du terrain, parce que vous ne voulez pas être « injuste » en lui reprochant une attitude qui vous gêne vous ! Et bien non ! Vous avez tout à fait le droit d’être à bout parce qu’il se lève tard et vous devez intervenir concrètement. Il vous en sera reconnaissant (peut-être pas immédiatement !) puisque vous lui donnez à nouveau des repères solides. Même les moments que vous passerez à vous prendre la tête avec votre ado qui vous traite de « vieux naze » sont importants : au moins vous tenez compte de ce qu'il fait ! Et puis, c’est ça la vie de famille: les parents qui cadrent et les enfants qui contestent.

Quand faut-il interdire ? Vous avez le droit d'en avoir assez qu’il sorte tous les soirs, rentre toujours plus tard et vous en demande systématiquement un peu plus ! Faites entendre votre « Non ! Maintenant ça suffit ! ». Pour Jean-Marie Forget, « l’affirmation parentale doit être posée : « Je pense que cela est [bien de t'interdire cette sortie] . Il est possible que je me trompe. Mais je prends cette décision précise et je m’y tiens ». » Soyez également très attentif à tous les signes que vous envoie votre ado. Posez des vraies limites et de vrais interdits si vous sentez que votre enfant dérappe et qu’il prend une mauvaise direction. Pas parce qu’elle ne correspond pas à ce que vous aviez imaginé de mieux pour lui… mais parce qu’elle le met réellement en danger et compromet sa vie future : drogue, petite délinquance, agressivité permanente, sèche les cours, etc… ! Votre enfant attend de vous que votre parole soit suivie d’actes concrets. Vous représentez l’autorité, rendez-lui sa place d’adolescent : vous le libérez ainsi de ses illusions et l’empêchez de se détruire ! Que pouvez-vous lui dire ? « J’ai vraiment l’impression que tu « déconnes » en ce moment. Ça ne peut plus durer comme ça ! D’ailleurs ce soir, tu ne sors pas ! ».

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