jeudi 2 octobre 2008

Les adultes s'inquiètent trop pour les ados

Peur de l'avenir, crise de l'adolescence, mal de vivre... Ce tableau de l'adolescence a la vie dure chez les adultes. Non, aujourd'hui, les ados vont bien, bien mieux que ce qu'en pensent leurs parents.

Un sondage réalisé par Ipsos santé à l'occasion du 4e forum Adolescences de la Fondation Wyeth dresse un portrait inattendu de la santé adolescente.

Les ados vont mieux que ne le pensent les adultes

Comment vont les ados ? A peine avez-vous terminé votre question que les adultes témoignent du malaise adolescent, de cette détresse psychique si caractéristique de cet adulte en devenir... Et bien les ados vont mieux qu'on pourrait le penser ! Amateur du contre-pied ou réel décalage entre deux perceptions ? La Fondation Wyeth pour la santé de l'enfant et de l'adolescent a présenté les résultats étonnants d'une enquête menée du 14 au 27 mars auprès de 850 adolescents, 600 professeurs et 200 infirmières scolaires.

Tandis que 19 % des adolescents se disent mal dans leur peau, 72 % des adultes pensent qu'ils le sont. 72% des jeunes sont le plus souvent satisfaits de ce qui leur arrive, mais seulement 35% des adultes le pensent. Près de 80 % des ados disent dialoguer facilement avec leurs parents alors que seulement 3 % des enseignants et 1 % des infirmières scolaires pensent que c'est réellement le cas. 87 % des ados ont le sentiment de savoir à qui s'adresser, en cas de difficulté alors qu'un enseignant sur deux en est persuadé.

6 % d'ados en vraie difficulté

Alors la vie est toujours rose quand on est ado ? Ne passons pas d'une caricature à une autre. A côté de cette majorité d'ados qui va bien, on identifie 6 % d'entre eux qui rencontrent le plus de difficultés (stress, mal-être...), une frange qui rencontre visiblement moins les adultes, a le plus souvent le sentiment d'appartenir à une classe sociale défavorisée, et a eu au dernier trimestre une moyenne scolaire inférieure à 10/20. C'est parmi les adolescents âgés de 18 ans que la proportion de jeunes rassemblant un faisceau de signes de mal-être est la plus élevée (10 % vs 6 % pour l'ensemble). " Il existe un certain nombre d'adolescents en grande souffrance et ceux là nécessitent une prise en charge professionnelle. Mais la grande majorité d'entre eux vont bien, même s'ils vivent ce "mal-être" spécifique de cette période de la vie, qui est une période de transition" résume Caroline Thompson, psychanalyste et thérapeute familiale à l'Hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

Plus d'information, moins de leçon de morale

Malgré ce bon état de santé général, une majorité d'ados (73 %) avouent être demandeurs d'une "éducation à la santé". Ils veulent qu'on les informe, mais en respectant leur intimité et sans leur faire de leçon de morale. Parmi les sujets soulignés, 87 % estiment que l'on devrait se préoccuper davantage des tentatives de suicide.

Autre résultat de l'enquête : L'hygiène et la propreté sont classées en tête de ce qui est bénéfique pour leur santé (note de 9/10) devant le sommeil et le moral. La prise de drogue est le risque qu'ils considèrent comme le plus important pour leur santé (note de 9,3 /10). Vient ensuite le fait d'avoir des rapports sexuels non protégés ou de boire régulièrement de l'alcool. Ce dernier risque est plus facilement relativisé tout comme avoir des idées noires ou des rapports difficiles avec les profs... Le fait de discuter avec un médecin n'apparaît pas comme bénéfique pour la santé (note de 5,4 /10) ; de même avec un enseignant (4,7/10) ou une infirmièr(e) scolaire (4/10).

A l'occasion du 4e forum Adolescences, plusieurs propositions concrètes ont été évoquées : une éducation à la santé dispensée par un médecin, des témoignages et des rencontres plutôt que des messages moralisateurs, une heure et demi par semaine pour parler librement de santé à l'école, un service psychologue itinérant de lycée en lycée, la mise en place d'infirmiers scolaires pour les garçons, multiplier les centres spécialisés comme le planning familial ou les lieux d'accueil pour anorexiques...

Luc Blanchot

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