mardi 4 mars 2008

Psychologie du bébé.doc


Psychologie
du bébé : 100 petites expériences...



Serge
Ciccotti










Nombre
d’idées reçues circulent sur le développement
psychologique des bébés – sur la façon
de leur parler, sur leurs capacités à comprendre ou à
percevoir le monde... Analyse et perspectives dans 100
petites expériences de psychologie pour mieux comprendre
votre bébé
(Dunod, 2006), par Serge
Ciccotti, qui nous dévoile les découvertes les plus
surprenantes en la matière. Un ouvrage à la fois
scientifique et ludique à l’intention des parents, des
étudiants et des chercheurs en psychologie de l’enfant.


Quels
sont les derniers apports de la psychologie scientifique en matière
de développement du bébé ?
La science
progresse tous les jours et bon nombre de chercheurs spécialisés
en psychologie du nourrisson publient régulièrement
les résultats de leurs recherches les plus récentes
dans des revues scientifiques. On découvre de moins en moins
de mécanismes nouveaux, par contre on précise de plus
en plus les conditions dans lesquels ils s’appliquent. Par
exemple, on sait que la mère est attractive pour le bébé
mais celui-ci est-il davantage attiré par la voix ou par le
visage de sa maman ? On progresse également dans la
connaissance des différents âges auxquels apparaissent
ces compétences. On sait par exemple depuis peu qu’un
bébé de 5 mois sait compter jusqu'à 3 !

Les
chercheurs sont des gens très discrets et leurs publications
restent quelque peu confidentielles. De fait, en France, on connaît
très mal la psychologie scientifique. Malgré la
richesse de ses enseignements opérationnels, la psychologie
universitaire reste en effet encore peu connue du grand public.
Aussi le grand public a-t-il tendance à se forger une
certaine représentation du bébé à partir
d’un mélange de ce qu’il croit être la
psychologie et de ce que nous disaient nos grands-mères –
ce qui au demeurant n’est pas toujours faux, comme on peut le
voir dans mon livre ! Par ailleurs, un certain nombre de normes
sociales difficiles à transgresser font obstacle à la
vulgarisation de nouvelles connaissances. Par exemple, on a coutume
de dire que la beauté, c’est relatif, du moment que
l’on a la beauté du coeur. Il n’est pas
politiquement correct de dire que l’on est très
sensible à la beauté et pourtant, on peut lire dans
mon livre comment les chercheurs ont démontré qu’un
bébé de quelques heures préférait
regarder le visage d’une belle femme que celui d’une
femme plus ordinaire… Comment expliquez-vous la longévité
des idées reçues en matière de psychologie du
bébé ?
Ce n’est pas toujours facile, il
faut avoir l’envie, le temps et la curiosité d’aller
vérifier ce qu’en disent les véritables
spécialistes. Mon livre facilite cette démarche, car
chaque fiche s’appuie toujours sur une ou plusieurs
expériences publiées dans des revues scientifiques à
comité de lecture indépendant. Les sources sont donc
valides et le lecteur pourra s’y référer si
nécessaire.
Si mon but était de démonter les
idées reçues, il permet également de montrer
que, parfois, ce que nous ont transmis nos parents est parfois
juste. Un exemple ? Pendant quelques décennies, on
demandait aux parents de parler à leur bébé
comme à un adulte. En réalité, les recherches
montrent que c’est tout l’inverse qu’il faut
faire : le bébé apprendra à parler plus
rapidement si l’on utilise des phrases courtes, un rythme
lent, une accentuation des voyelles et une voix chantante, comme
l’on fait nos grands-mères pendant des siècles.
Mais
parfois nos grands-mères se trompaient. Une fiche du livre
porte ainsi sur l’évaluation des différentes
méthodes folkloriques utilisées pendant des siècles
pour deviner le sexe de son futur bébé. La conclusion
montre que ces méthodes sont de bien piètres moyens de
prophéties dans ce domaine...
J’ai également
consacré plusieurs fiches de mon livre aux comportements des
parents face aux bébés. C’est certainement le
chapitre le plus amusant, car nos comportements sont parfois
irrationnels. Certains chercheurs se sont ainsi intéressés
au fait que la maman ouvre sa bouche pendant qu’elle donne à
manger à son bébé... Les parents ont aussi des
compétences incroyables : on a pu démontrer que
la plupart des jeunes papas étaient capables, les yeux bandés
et le nez bouché, de reconnaître leurs nouveau-nés
simplement en leur touchant le dessus de la main. Les bébés
ont des compétences, mais aussi des préférences :
pouvez-vous en donner quelques exemples ?
Les bébés
ont des compétences (ils savent faire), mais vous avez
raison, ils ont aussi des préférences. Celles-ci sont
d’ailleurs relativement faciles à mettre en évidence
par l’expérimentation.
Les scientifiques utilisent
pour cela d’ingénieux systèmes (lumière
clignotante, tétine reliée à un ordinateur,
observation du temps de regard consacré à un objet).
Grâce à ces artifices, on a pu montrer que, même
si la maman chante faux, son bébé préférera
l’écouter lorsqu’elle lui chantera une berceuse
plutôt que d’entendre le dernier tube de la plus belle
voix du monde à la radio. Ou encore que les nouveau-nés
préfèrent les visages humains aux autres objets. Vous
insistez dans le livre sur le fait que le bébé est un
être qui observe, qui apprend et qui répond. Est-ce là
démonter l’idée du bébé
fusionnel ?
Voilà encore une idée non fondée,
celle qui consiste à dire que le bébé
« fusionne » avec sa mère. Le lien qui
va unir le bébé à ses parents se construit in
utero, puisque le bébé reconnaît déjà
la voix de sa mère dés la naissance. Mais ce n’est
pas un être qui fusionne avec sa mère comme l’ont
proféré des psychanalystes pendant des décennies.
Il
a déjà conscience de son corps propre. Une des
expériences révélées dans mon livre met
ainsi en évidence que le nouveau-né se comporte
différemment lorsque le doigt d’un adulte lui touche
les lèvres que quand c’est sa propre main qui touche
spontanément son visage. Dans la première situation,
le bébé ouvre la bouche, sort la langue et cherche à
téter bien davantage que quand il s’agit de sa propre
main. De très nombreuses autres expériences dans ce
domaine ont montré que dès la naissance, le nouveau-né
a déjà conscience de son corps propre et qu’il
fait très bien la différence avec celui d’un
autre. Oui, à la naissance, le bébé est capable
d’apprendre et même, dès les premières
heures de sa vie, d’imiter les expressions faciales de ses
parents ! Votre dernier chapitre est consacré au
développement psychologique du fœtus : comment
l’appréhender ?
On peut observer l’évolution
du comportement d’un bébé dans le ventre de sa
mère. On peut même interagir avec lui – avec
toutes les précautions d‘usage, bien entendu. On se
rend alors compte que dans le ventre de sa maman, le bébé
entend son environnement, se fabrique des préférences
gustatives mais aussi musicales et qu’il explore son propre
corps. Les chercheurs ont également réussi à
mettre en évidence que le tempérament du fœtus
(l’activité motrice) permet de pronostiquer certains
traits de personnalité dans la petite enfance... Peut-on
considérer la lecture de ce livre comme un guide pratique
pour les parents, avec des conseils pour « ne pas se
tromper » ?
Tout à fait ! Dans mon
livre, les parents peuvent découvrir comment voient les
bébés, à quel âge ils se reconnaissent
dans un miroir et sur une photo, si les bébés
préfèrent le lait maternel au lait industriel, s’ils
sont sensibles aux bonnes et mauvaises odeurs – et tout
cela, expériences à l’appui. De plus, les
parents pourront ajuster leurs comportements à partir des
déductions qu’ils auront faites des résultats de
toutes ces expériences. Par exemple, puisque les bébés
s’inspirent des émotions d’autrui, mieux vaut
éviter de faire des bonds de trois mètres devant une
araignée en leur présence ; de même, comme
les bébés sont très sensibles aux bruits de
fond, l’allumage constant de la télévision est à
proscrire. Les parents pourront également évaluer dans
quelle mesure ils doivent se montrer « disponibles »
pour leur bébé, question qui les angoisse souvent (en
faire trop ou pas assez ?). A quel public destinez-vous ce
livre ?
Ce livre s’adresse d’abord aux parents
soucieux d’en apprendre davantage sur leur bébé
afin de mieux communiquer avec lui. C’est la raison pour
laquelle le format du livre se prête volontiers à une
lecture facile. En effet, chacune des compétences est mise en
évidence dans une fiche d’une à deux feuilles.
Je commence par poser une question, je montre comment les chercheurs
ont réussi à y répondre grâce à
une expérience et je finis par une courte conclusion qui
donne un conseil aux parents.
Ce livre intéressera aussi
les étudiants dans le cadre des modules de psychologie de
l’enfant et du nourrisson, il constitue une synthèse
ludique des différentes recherches les plus récentes
dans ce domaine.
Plus généralement, mon objectif
est d’expliquer et, d’une certaine façon,
d’éduquer aussi les lecteurs à avoir un esprit
critique en leur apportant des informations valides, avec un souci
de vulgarisation qui ne doit pas trahir le travail des chercheurs.


©
DUNOD EDITEUR, 27 Avril 2006







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